« Il commence dans sa jeunesse, par dessiner ce qu’il voit pour se faire la main. Puis le temps passe, et là où les autres renoncent face à la difficulté, Franck continue à apprendre, tout seul, en croyant ses yeux et son coeur. Avec le travail et la patience propres aux opiniâtres, son trait commence à se faire, à s’affirmer. L’aquarelle le lasse par sa fadeur, sa main a besoin de jeter l’acrylique sur la toile, sa tête veut voir son chaos prendre forme, une couleur. La vibration devient alors plus rouge, plus bleue, plus jaune ; le couteau embrasse le pinceau. Il laisse des traces sanguines, crée le relief ; le sable de la mer parfois se colle aux pigments pour apporter la touche rêche.
Peu à peu, les expos commencent, avec leurs cortèges habituels de commentaires, de références…
Franck Marco est surpris d’entendre les gens parler de ses toiles, c’est toujours un choc, une conscience de soi, alors qu’il cherche l’oubli de lui, le silence.
Je me retourne pendant que j’écris ce texte (dans son atelier); il est là, derrière moi, j’entends le frottement du pinceau, le cliquetis du couteau, je me retourne et je vois ses doigts qui plongent dans le pot de peinture, je le vois accroupi sur sa toile, les mains dans son moteur…
Il ne dit rien, il ne regarde personne, et pour le moment, le temps semble s’être suspendu à l’ocre qu’il étale sur la toile de lin. » – Jil Caplan